Pourquoi missionner un artiste ou un photographe quand un robot peut faire l’affaire ? C’est la question que ne se pose manifestement plus Getty Images. Créée à l’origine comme une banque d’images pour agences publicitaires avant de faire de la photo d’actualité, l’agence américaine va en effet lancer un logiciel d’intelligence artificielle (IA) payant capable de générer de nouvelles images à partir d’archives photos dont elle possède les droits. Getty s’engage – et heureusement – à rémunérer les photographes dont les clichés seraient utilisés pour alimenter leur modèle. Ces photos seront spécifiquement destinées dès leur production à alimenter une base d’archives, les distinguant donc des images d’actualité.
Depuis son arrivée, l’IA questionne utilisateurs comme créateurs. A qui appartiennent les textes, photos, vidéos ou sons créés par leurs programmes ? Getty se distingue de la plupart de ses concurrents en offrant une «protection juridique» à ses clients parce que la future banque de données ne sera alimentée que par ses photos. La provenance des données originelles est donc connue et légale, évitant les risques de poursuites pour utilisation non réglementée de contenu et violation de propriété intellectuelle.
Avec ce projet aux allures de contre-offensive,Getty prend position dans un écosystème de l’illustration changeant et fortement concurrentiel avec une palanquée de technologies déjà disponibles en ligne. L’agence se retrouve face à des géants de l’IA générative comme OpenAI, créateur du générateur d’images Dall-E, Google avec Imagen, les start-up Midjourney et Stable Diffusion ou encore l’éditeur de logiciels Adobe avec sa nouvelle interface Firefly. Plusieurs de ces entreprises font l’objet de poursuite de la part de créateurs pour «utilisation de travaux soumis à des droits d’auteur sans consentement, crédit ni compensation».
Getty tâche de prendre en compte ces enjeux, et rémunérera donc les photographes dont les clichés seront utilisés pour développer le logiciel en leur offrant une part des revenus générés par l’interface. L’agence ne partagera pas les images créées par Generative AI by Getty Images, nom officiel du programme, en limitant leur accès au client qui les aura créées. Elles seront en revanche bien réutilisées par l’interface pour l’entraîner, «afin que le modèle devienne plus efficace pour vous» d’après le site de l’entreprise.
Si le programme accorde du crédit et une rémunération à ceux qui l’alimentent à travers un cadre légal plus clair, l’arrivée d’un programme qui mêle cadre légal et rémunération pour ses photographes marque tout de même un tournant significatif dans le potentiel, et ne serait-ce que partiel, remplacement des travailleurs de l’image.